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"Le premier jour du mois, tous les compteurs se remettent à zéro."

Spécialité
Entreprises de construction et de BTP
Ville
Turckheim (68)
Chiffre d'affaires
60 M€
Sommaire

Portrait

Nom
Franck Favre & Alexandre Toussaint
Entreprise
Arkédia
Fonction
Président et Directeur de secteurs d'Arkédia

En résumé

Fondée en 1890 et rachetée en 2000 par ses salariés, Arkédia incarne l’entrepreneuriat alsacien dans toute sa diversité. Cette entreprise familiale navigue entre tradition et innovation sous l’impulsion de son président, Franck Favre, 58 ans, visionnaire déjà engagé dans la préparation de sa succession, et avec l’expertise d’Alexandre Toussaint, directeur de secteurs revenu au sein de l’entreprise après un parcours au sein de grands groupes.

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Treize métiers sous un même toit

Pouvez-vous décrire l'activité du groupe Arkédia ?

Franck Favre : On est un groupe avec 13 métiers et 7 entreprises : Arkédia – Arkédia Paysage - Olry Cloisons - Roesch Constructions – Carpentek – Strelec - Les Recyclés de Turckheim. On a une activité essentiellement autour du béton génie civil gros œuvre entreprise générale des constructions dirigée par Alexandre. On a une grosse activité charpente, construction bois, couverture zinguerie et entretien des toitures. On a une activité liée au grand cycle de l’eau, plus une activité de paysagiste aménageur et un petit centre de recyclage de matériaux inertes. Aujourd'hui c'est devenu à la mode le réemploi, mais nous ça fait depuis 2004 qu'on travaille le traitement, le recyclage et la valorisation des matériaux inertes de chantier. On a aussi développé le secteur du second œuvre avec une entreprise qui fait de la plâtrerie, du faux plafond, calfeutrement, coupe-feu et optimisation énergétique.

Crédit photo : ©Jean-Olivier Weber

Les grands défis : humain, business et transformation

Quels sont vos plus gros défis aujourd'hui ?

Alexandre Toussaint : Il y en a deux clairement. Le premier c'est le défi humain : permettre à chacun de nos collaborateurs de pouvoir se développer à leur juste valeur, pouvoir atteindre leurs objectifs en corrélation avec les objectifs de l'entreprise, que chacun trouve chaussure à son pied chez nous. Et le deuxième gros enjeu, c'est le business : pouvoir assurer une continuité, un volume qui permette à nos équipes de travailler, d'avoir des chantiers, d'assurer une qualité de réalisation qui convienne à nos clients et assurer un niveau de rentabilité qui fait qu'on puisse verser un salaire toutes les fins de mois.

Franck Favre : Mes trois grands enjeux, c’est RH, durabilité et numérique. L’entreprise est pour moi, le socle du vivre‑ensemble : on a la responsabilité d’apprendre aux jeunes à travailler et à vivre en collectivité.

Sur la durabilité, je veux du concret : réduire nos impacts et rendre nos chantiers plus résilients. Sobriété matière/énergie, gestion des déchets, équipements qui durent grâce à l’entretien et la maintenance, achats plus responsables, sécurité‑santé intégrée. Des gestes de terrain, pas des slogans.

La RSE, c’est faire évoluer les comportements : trier, mieux former, mieux utiliser, mieux entretenir, mieux maintenir.

Le numérique, c’est une trajectoire engagée depuis 1994 : on a démarré tôt et on avance chaque année, jusqu’à l’acquisition récente d’un exosquelette.

Crédit photo : ©Jean-Olivier Weber

Pionnier du digital depuis 1994

Comment intégrez-vous les nouvelles technologies ?

Franck Favre : Le numérique chez nous, il a commencé en 1994 parce qu'on s'est associé avec un industriel pour travailler sur la partie charpente en bureau d'étude et taillage sur des machines à commande numérique. En 2002, nous avons décidé de garder en interne cette valeur ajoutée et d'avoir ces compétences. On a construit un hall industriel qui taille sur machine à commande numérique avec 5 axes toutes les charpentes et tous les bois. Donc depuis 2005, cette partie numérique est importante. On a aussi construit notre premier ERP dans les années 96-97, on a changé en 2003 et là on est en train de travailler sur le déploiement d'un nouvel ERP. Au-delà de l'ERP, le numérique digital est partout dans l'entreprise. On a développé une application depuis 3 ans, une application web pour l'ensemble des salariés au niveau du suivi de chantier, de la digitalisation de l'information, l'accès à l'information pour le chantier, tout ce qui est santé, sécurité, RH. On a investi dans notre premier exosquelette cette année et on a un robot démolisseur depuis 5 ans.

Crédit photo : ©Jean-Olivier Weber

Le premier du mois, tous les compteurs se remettent à zéro

Comment gérez-vous la pression économique ?

Franck Favre : Il faut juste vous imaginer que le premier jour du mois, tous les compteurs se remettent à zéro et à la fin du mois, on doit atteindre 6 millions de carnet de commandes. Peu de gens comprennent que peu importe la taille de l'entreprise, chaque début de mois, le compteur recommence à zéro.

Les gens disent "vous êtes une grosse entreprise, moi je suis un artisan, on est 5". Je leur réponds que, le premier du mois, je suis comme eux : seul le chiffre a un zéro de plus, mais l’angoisse, la recherche de travail et, parfois, les nuits blanches, sont les mêmes.

Des chantiers d'exception

Y a-t-il un chantier qui vous a particulièrement marqué ?

Alexandre Toussaint : Le pont de Chalampé qui enjambe le Rhin et qui fait le lien entre la France et l'Allemagne. On a enjambé une route départementale, le grand canal d'Alsace et le Rhin. C'est trois ponts, un peu plus de 500 mètres de tablier, différentes technologies : de l'acier, du béton traditionnel, du béton fibré ultra performance, des résines, des renforcements. C'était très technique sur des délais courts et ça s'est bien passé.

De plus, nous avons lancé il y a deux mois et demi le chantier Valff, qui modernise une station d’épuration existante avec la création d’une filière de séchage solaire des boues. Projet multi-activités, il mobilise nos équipes travaux publics, génie civil, aménagements paysagers et électromécanique. Chez Arkédia, nous apprécions ces opérations où notre technicité, notre savoir-faire et notre ingénierie font la différence. C'est ce qui a fait qu'on l'a décroché. Nous n’avons pas été de simples « faiseurs », mais acteurs de la conception de l’ouvrage définitif. Ce chantier de 13 mois mobilisera environ trente collaborateurs.
(Les photos d’illustration de l’article ont été réalisées sur le chantier de Valff en octobre 2025)

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Les épreuves surmontées

Avez-vous traversé des coups durs marquants ?

Franck Favre : J'ai vécu 3 ans de mandat ad hoc, c'est juste avant la procédure de sauvegarde. Vous êtes sous tutelle d'un administrateur judiciaire, la pression est maximale. J'ai dû faire deux plans sociaux, un en 2010 et un en 2011 où j'ai dû me séparer de 8 personnes et l'année suivante de 5 personnes. Et puis un chantier qui s'est financièrement très mal passé par rapport à un client défaillant. Quand on a repris l'entreprise en 2000, un an avant le remboursement, l'ancien président a eu un accident et est devenu tétraplégique. J'ai réuni les actionnaires et je leur ai dit : c'est soit on gagne la partie en 1 an, soit on perd tout ce qu'on a fait depuis 4 ans. Ça a été 3 années très intenses.

Alexandre Toussaint : C'est plus léger que ce qu'a vécu Franck, mais entre mon retour en 2019 et aujourd'hui, j'ai perdu plusieurs cadres. La principale difficulté a été de faire accepter et comprendre les objectifs et les besoins d'évolution. Ce qui peut être frustrant, c'est de constater qu'Arkédia 2019 n'est plus Arkédia 2025, et que nous avons une vision claire pour Arkédia 2030-2032. Je considère comme un échec personnel la perte de collaborateurs présents depuis des années, qui n'ont pas saisi qu'assurer la pérennité de l'entreprise nécessite de relever constamment de nouveaux défis. Une entreprise qui perdure est une entreprise qui sait se renouveler.

Crédit photo : ©Jean-Olivier Weber

Vision 2032 : grandir pour investir

Où voyez-vous Arkédia dans les prochaines années ?

Franck Favre : Pour atteindre nos trois enjeux majeurs et nos stratégies de développement, nous aurons besoin d’un investissement supplémentaire de 300 000 à 500 000 euros à partir de 2027. À taille inchangée, nous ne pourrons pas générer la marge nécessaire ; il faudra donc augmenter la taille des effectifs.

Alexandre Toussaint : On veut continuer le développement sur des projets à plus de valeur ajoutée, de potentiellement plus grosse taille, avec un développement territorial sur certains marchés.

Pour réussir, nous devons être proactifs : monter en compétence en technique, en management de projet et en ingénierie. Nous devenons davantage concepteurs et ingénieurs. Enfin, une fois le projet livré et les clés remises, notre ambition est de continuer à accompagner le client tout au long de la vie de l’ouvrage.

Une aventure humaine responsable

Un mot pour vos équipes ?

Franck Favre : Lors du comité de direction de janvier 2019, j’ai affirmé ma volonté d’engager, avec l’ensemble des équipes, une aventure humaine structurante et partagée. L’objectif est simple : construire, de manière responsable, un collectif solide.

Alexandre Toussaint : C'est une ambition collective pour atteindre les objectifs qu'on s'est fixés. Relevons les défis qu'on connaît déjà et ceux qu'on va découvrir les prochaines années.

Des racines familiales à l'aventure collective

Comment êtes-vous arrivés dans le BTP ?

Alexandre Toussaint : Mon parcours est ancré dans le BTP depuis l’enfance. Mon père était ancien coffreur, chef de chantier, conducteur de travaux dans l'entreprise Arkédia. Il y a passé de nombreuses années. J'ai démarré par mes emplois d'été puis naturellement, je suis allé vers des études dans le génie civil. J'ai fait mon apprentissage et mes premières années ici, j'ai fait mes armes dans d'autres entreprises et puis je suis revenu il y a 6 ans maintenant pour prendre la direction de l'activité génie civil.

Franck Favre : Moi je ne viens pas du tout du BTP. J'ai été recruté comme DAF, directeur administratif et financier. On a avec un groupe de salariés racheté la société en 2000 à une famille historique du centre Alsace, la famille Olry, 3e génération. Donc on est une entreprise qui a été créée dans les années 1890 et on est en société depuis 1963. C'est l'entrepreneuriat qui m'anime. J'ai trouvé dans le BTP tout un champ d'aventure humaine riche, aussi bien au niveau de l'humain, des réalisations, des différents métiers historiques qu'on a chez nous : le génie civil, la partie réseau canalisateur et la partie charpente construction bois.

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