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« J’ai dû contracter 120000 € de prêt personnel pour sauver mon entreprise »

Spécialité
Construction de maisons individuelles
Ville
Saint-Etienne (42)
Chiffre d'affaires
4 M€
Sommaire

Portrait

Nom
Rémi Agrain
Entreprise
Neoabita
Fonction
Dirigeant

En résumé

Rémi Agrain ne mâche pas ses mots. Diplômé d'un BTS bâtiment spécialisé en béton armé, le dirigeant de Neoabita a créé son entreprise par ras-le-bol des pratiques douteuses qu'il a observées chez ses anciens employeurs. Spécialisé dans la construction sur mesure haut de gamme, il nous livre avec franchise les réalités du métier de dirigeant de PME dans le BTP.

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Son rôle dans l’entreprise

Quelles sont vos principales responsabilités ?
En tant que chef d'entreprise, mes principales responsabilités, c'est de veiller au grain, de veiller à ce que tout le process de l'opportunité commerciale jusqu'à la livraison se passe bien. J'interviens dès qu'il y a des points durs avec un prospect, un client ou un artisan. Je supervise chaque semaine mes équipes sur les avancements de facturation, de chantier et les problématiques en cours. J'interviens via visio, téléphone, groupes WhatsApp avec nos clients, ou en rendez-vous physique, toujours en étant bienveillant.

Et vis-à-vis de vos équipes ?
Je me positionne comme un coach. J’aide mes collaborateurs à structurer leur travail pour alléger leur charge mentale. Nous avons des réunions régulières qui permettent de suivre chaque dossier, d’apporter des solutions rapides et de sécuriser les liens avec les artisans et les bureaux d’études. J’ai aussi mis en place des outils de suivi, comme des tableaux de refacturation, pour limiter les erreurs et responsabiliser chacun.

La partie que vous préférez ?
La livraison. C’est un moment fort de convivialité et de satisfaction, où l’on mesure concrètement l’impact du travail accompli.

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Les épreuves qui forgent

Quelle a été votre plus grande difficulté en tant que dirigeant ?

Mes plus grosses épreuves ont été liées aux relations humaines, notamment avec deux associés.

Dans le premier cas, un associé au sein de Neoabita dépensait sans contrôle, sans jamais assumer ses erreurs. Il n’anticipait rien, ce qui nous a fait perdre énormément d’argent et fragilisé toute la structure. En un an, nous avons enregistré près de 300 000 € de pertes.

Le deuxième cas s’est produit dans une autre société, où j’étais associé minoritaire. Cet associé a encaissé des acomptes de clients, puis a fermé l’entreprise pour régler ses dettes personnelles auprès de l’URSSAF. Concrètement, il a détourné l’argent des clients, et j’ai dû assumer derrière pour préserver ma réputation. J’ai contracté deux prêts bancaires, soit environ 120 000 €, afin de rembourser les clients de ma poche. J’ai même créé une nouvelle société pour pouvoir régulariser ces dettes, que je continue encore à rembourser aujourd’hui, à hauteur de 1 200 € par mois.

Comment avez-vous surmonté ces épreuves ?

Pour la première, il m’a fallu deux ans pour redresser la barre. J’ai repris chaque poste de dépense, coupé les frais superflus, revu l’organisation interne et travaillé énormément, aux côtés de trois collaborateurs précieux, pour optimiser et rattraper la situation.

Pour la seconde, j’ai choisi de protéger à tout prix l’image que j’avais auprès de mes clients. J’ai pris la responsabilité de rembourser, même si je n’étais pas directement fautif. Depuis, je raconte systématiquement cette histoire lors de mes signatures de contrat. Cela montre à mes clients que j’assume mes responsabilités et que je place leur confiance avant tout. Si c’était à refaire, je le referais.

L'humain, le défi permanent

Quelles sont les principales difficultés aujourd’hui ?
Aujourd’hui, ma principale difficulté n’est pas de trouver des clients ou des projets, mais plutôt de former et d’accompagner mes équipes pour qu’elles portent les mêmes valeurs que moi : la bienveillance avec les clients et les artisans, et l’exigence nécessaire pour réaliser de très belles maisons. La rigueur et la qualité au quotidien, c’est ce qui fait la différence — mais c’est aussi ce qui demande le plus d’énergie.

Comment gérez-vous les artisans qui ne répondent pas ? 

Cela fait maintenant dix ans que j’ai créé Neoabita, et au fil du temps j’ai construit un réseau d’artisans de confiance avec qui nous travaillons régulièrement. L’idée, c’est d’entretenir une vraie relation de partenariat : on les accompagne, on les aide à progresser dans leur organisation, et j’ai même mis en place une formation dédiée pour leur permettre de mieux gérer leur entreprise. En parallèle, on continue de consulter et de référencer de nouveaux artisans pour accompagner notre croissance avec Masterlib (une plateforme que j’ai développé il y a quelques années pour aider dans la gestion de projet). C’est un travail de fond qui nous permet de garantir à nos clients des chantiers fiables et de qualité.

Les décisions financières, au coeur des difficultés

Quelles décisions sont les plus difficiles à prendre pour un dirigeant de PME du BTP ?

Être dirigeant, c’est une aventure passionnante mais qui vient aussi avec son lot de défis. Pour moi, les plus grandes difficultés sont de trouver le juste équilibre entre vision long terme et gestion du quotidien, de garder une équipe motivée et soudée malgré les imprévus, et de savoir prendre les bonnes décisions même quand tout n’est pas clair. Ce sont des challenges permanents, mais ils nous poussent à grandir et à nous dépasser chaque jour.

Comment gérez-vous les risques financiers ?

C'est pour ça que j'ai pris un logiciel de gestion comme Graneet. Avant on avait un CRM où j'avais tout mon chiffre d'affaires, ma trésorerie, mon rapprochement bancaire, mes devis, mes factures, mes relances et on avait des tableaux Excel où on faisait du contrôle financier dossier par dossier. Maintenant, j'ai fusionné mon débours de chantier, mon contrôle financier et mon CRM.

Grâce à Graneet, c'est bien plus simple et précis aujourd'hui de suivre les finances de chaque projet en quelques secondes. Typiquement, quand on fait une maison, mon collaborateur la dessine et la chiffre. S'il y a une erreur, je vais vite voir l'impact sur la marge du projet.

Les défis et solutions

Quels sont vos principaux défis  ?
Nos défis pour l’avenir, c’est de consolider nos acquis tout en continuant à progresser, notamment sur la gestion de chantier, l’anticipation et l’optimisation. Nous sommes également en pleine phase de développement avec un double axe : le rachat de sociétés et la mise en place d’un modèle en franchise. Pour cela, nous finalisons actuellement un concept de franchise basé sur nos process, avec un déroulé clair de toutes les étapes, afin de les standardiser et les optimiser au maximum.

Comment intégrez-vous l'intelligence artificielle dans votre activité ?

On ajoute l'IA pour aider les collaborateurs pour que ce soit intéressant pour eux. Vérifier une attestation d'assurance, faire un compte-rendu en commerce, faire un compte-rendu en chantier. On a écrit quelques prompts pour aider. On a déjà fait des audits avec des experts qui sont à fond là-dedans pour la partie assistant pour les normes DTU, assistant pour la communication, assistant pour les comptes-rendus.

Votre conseil à d’autres dirigeants du BTP ?
S’organiser rigoureusement, tester et structurer les outils, mais surtout garder une forte dimension humaine dans la gestion des équipes et des clients.

Ses réussites et résultats

De quoi êtes-vous le plus fier aujourd’hui ?
D’avoir surmonté de graves difficultés financières et humaines tout en maintenant la confiance de mes clients et la croissance de l’entreprise.

Un chantier marquant ?
Chaque maison livrée est une réussite. Mais ce qui me touche le plus, ce sont les retours positifs des familles une fois installées.

La clé de la réussite de Neoabita aujourd’hui ?
La rigueur, la relation de confiance, et l’engagement total dans chaque projet.

Interview de Rémi Agrain, dirigeant de Neoabita

Qu’est-ce qui vous a donné envie de diriger une entreprise dans le BTP ?
Après avoir travaillé pour plusieurs entreprises dirigées par des personnes peu scrupuleuses, j’ai décidé de prendre mon indépendance. Je voulais gérer les choses à ma manière, avec anticipation, rigueur et intégrité. Issu d’un BTS Bâtiment spécialisé en béton armé, j'ai voulu me mettre à mon compte pour faire des maisons sur-mesure haut de gamme ou des projets éco-responsables pour consommer le moins d'énergie possible.

En une phrase, qu’est-ce que cela représente d’être dirigeant d’une PME du BTP ?
C’est une fierté profonde de construire des maisons pour des familles. C’est un métier riche en relations humaines, qui nécessite beaucoup de communication et de coordination entre bureaux d’études, artisans et clients.

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