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« Il faut parfois savoir refuser des affaires.»

Spécialité
Démolition
Ville
Amiens (80)
Chiffre d'affaires
8 M€
Sommaire

Portrait

Nom
Pierre Colson
Entreprise
SODEKA
Fonction
Directeur commercial

Résumé

Fondée sur l’expertise en démolition, désamiantage, SODEKA s’impose comme une PME ambitieuse basée à Amiens. Aux côtés de ses équipes, Pierre, directeur commercial, porte une culture d’exigence, assume les chantiers les plus complexes et mise sur le réemploi ainsi que la digitalisation pour soutenir une croissance durable.

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D'ingénieur électricien à expert en démolition : un parcours atypique

Comment êtes-vous arrivé dans ce secteur de la démolition et du désamiantage ?

Je suis ingénieur en électricité, donc j'ai toujours été attiré par les métiers techniques. C'est mon parcours de vie qui m'a amené dans la démolition et le désamiantage, car il n'y a pas vraiment d'école spécialisée dans ces domaines. J'ai évolué dans ce secteur depuis 2008, cela fait maintenant 17 ans. J'ai vu toutes les évolutions réglementaires et j'ai eu des possibilités qui m'ont permis d'évoluer au fur et à mesure. Au début, je suis parti un peu du bas de l'échelle - enfin, pas vraiment du bas puisque j'avais déjà un diplôme d'ingénieur, mais j'ai gravi petit à petit les échelons jusqu'à devenir directeur commercial l'année dernière.

Comment définiriez-vous les activités de SODEKA ?

Démolition, désamiantage et réemploi. Nous travaillons exclusivement en B2B, aucun particulier.

Notre clientèle se répartit en trois tiers : un tiers industrie, un tiers marché public et un tiers sous-traitance pour les gros œuvres.

Quel est votre rôle concret au quotidien en tant que directeur commercial ?

J’établis les offres techniques et je construis la méthodologie de chaque projet. Dans notre domaine, il y a beaucoup de réflexion à mener en amont avant même de pouvoir rendre une offre, car selon la façon dont on s’y prend et les moyens qu’on mobilise, le résultat peut être très différent. Globalement, on sait tous comment construire un mètre carré. En revanche, déconstruire un ouvrage dont on ne connaît ni le plan ni la conception, c’est une autre histoire. Mon rôle, c’est donc de définir la meilleure approche possible, en m’appuyant sur l’expérience collective de l’équipe. On partage nos savoir-faire, on regarde si quelqu’un a déjà rencontré des cas similaires, on agrège toutes ces connaissances pour bâtir la solution la plus adaptée  et c’est sur cette base qu’on établit ensuite le prix, car tout découle de la méthodologie choisie.

Crédit photo : © Basile Crespin

Vous dites "on ne prend que des moutons à cinq pattes". Pouvez-vous nous donner un exemple concret ?

Nous avons réalisé un chantier pour l’une des plus grandes usines de plaques de plâtre en Europe appartenant au groupe Etex à Auneuil, dans l'Oise. C'était un chantier 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, ce qui n'est pas fréquent dans le bâtiment. Nous avions des contraintes énormes avec des pénalités, et nous devions respecter un délai de 11 jours avec tous nos effectifs plus des sous-traitants. Nous avons fait plus d'un million de chiffre d'affaires en 11 jours, ce qui n'est pas courant ! C'était un beau challenge que nous avons réussi. Nous avons même fait gagner un jour et demi au client, voire deux jours. Il était très content car les pertes de production se comptent en centaines de milliers, voire en millions d'euros. La moindre journée était cruciale pour eux.

C'est un chantier que nous avons longuement préparé, qui nous a mis un stress très important, et que nous avons réussi à boucler dans les temps avec une sécurité optimale. Tout cela mis bout à bout a fait que ce client nous est fidèle maintenant, et cela a fait du bouche-à-oreille qui nous a permis de développer le chiffre. Nous avons trois ou quatre chantiers emblématiques comme ça. Chez L'Oréal aussi, nous avons fait un chantier technique en plein milieu de la zone de production. Pour Bouygues Bâtiment, en plein cœur d'Amiens avec des mitoyennetés tout autour et un délai compliqué. Tous ces chantiers que nous réussissons très bien, les clients en sont reconnaissants et nous font travailler régulièrement derrière.

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J'attends un paiement depuis 8 mois : la trésorerie, défi quotidien

Quels sont vos principaux défis de gestion au quotidien ?

La gestion qui est critique dans notre domaine, c'est clairement la trésorerie. Pourquoi ? Parce que les maîtres d'ouvrage ont tendance à payer très, très, très longtemps en retard. Malheureusement, j'ai certains maîtres d'ouvrage publics où on est sûr d'être payé, mais parfois c'est plusieurs mois. J'en ai un, ça fait 8 mois que j'attends un paiement. C'est un vrai défi du quotidien car les impôts, les salaires, l'URSSAF... eux ne sont pas en retard !

Et le recrutement, c'est comment ?

Il y a clairement le recrutement aussi. Ce sont des métiers pas "sexy" qui n'attirent pas. En plus, nous avons des contraintes liées à l'amiante, des métiers dangereux, beaucoup prennent peur malheureusement. Nous avons mis en place plusieurs canaux différents : le bouche-à-oreille, où nous sommes plutôt contents car cela nous ramène généralement des gens de qualité. Les agences d'intérim pour tester les gens sur des postes de manœuvre avant de les faire évoluer. Les cabinets de recrutement pour les postes plus élevés comme chef de chantier ou conducteur de travaux. Et la publicité dans les salons, même si cela nous ramène moins de personnes.

Crédit photo : ©Basile Crespin

Quand l'amiante caché remet tout en cause : "70% de fiabilité, 30% de découverte"

Vous parliez de découvertes sur les chantiers. Pouvez-vous nous raconter une galère marquante ?

C’est de la réhabilitation, donc malheureusement, sur presque tous les chantiers, on rencontre des imprévus. Ce sont souvent des découvertes que le client ne pouvait pas anticiper, et qui entraînent des négociations parfois très intenses. J’ai déjà eu le cas d’un chantier arrêté net : les découvertes étaient trop importantes et aucun accord financier n’a pu être trouvé. J’avais pourtant tout préparé : la base vie était installée, les travaux avaient commencé. En réalité, on avait découvert de l’amiante dissimulée derrière les murs, non détectée lors du diagnostic. Ce manquement dans le rapport avant travaux a généré un coût de désamiantage tel qu’il a remis en cause l’ensemble du marché.

Ce sont des grosses galères où, du jour au lendemain, le chantier s'arrête alors qu’on avait prévu plusieurs semaines ou plusieurs mois de travail. Il faut alors replacer les équipes, trouver des solutions de substitution. Malheureusement, les chantiers ne rentrent pas en claquant des doigts. Il faut du temps pour en faire rentrer de nouveaux et éviter le chômage technique. C’est toujours notre leitmotiv : que les équipes aient du travail et ne se retrouvent pas dans la cour ou chez elles sans activité.

Comment évaluez-vous cette part d'incertitude dans votre métier ?

On a toujours dans notre métier 70% de fiabilité et 30% de risque de découverte. C'est pour ça aussi que beaucoup de maîtres d'ouvrage ou de commanditaires ont des difficultés à comprendre nos prix, car en fonction de l'expérience de la personne qui va chiffrer ou de l'expérience de l'entreprise, vous avez des écarts de prix du simple au double. Nécessairement, parce qu'il y a quelqu'un qui a une bonne expérience, une très bonne maîtrise de la déconstruction et du désamiantage que n'a pas l'autre entreprise. Cet écart est beaucoup plus flagrant que dans les autres corps de métier. Chez les menuisiers ou les électriciens, il y a forcément des différences, mais c'est minimisé comparé à notre domaine où du simple au double, c'est régulier.

Je suis fier de mes équipes qui travaillent au quotidien sur le terrain

Qu'est-ce qui vous rend fier dans votre travail ?

L’évolution de l’entreprise est avant tout une aventure collective. Voir le chemin parcouru suscite une réelle satisfaction : certains opérateurs sont devenus chefs de chantier, ont gagné en responsabilité, en stabilité financière et continuent de progresser.

Cette progression humaine est sans doute la plus belle réussite. Travailler aux côtés de ces équipes de terrain, engagées et courageuses, est une source de reconnaissance profonde. Dans notre société, on ne valorise pas beaucoup le travail manuel et j'ai une fierté à travailler avec ces talents-là.

Crédit photo : © Basile Crespin

Cap sur le réemploi et l'expansion territoriale

Le réemploi est en plein développement et nous avons choisi d’y jouer un rôle actif. Notre métier de déconstruction nous place naturellement au cœur de cette dynamique : chaque chantier peut devenir une source de matériaux réutilisables. Nous voulons aller plus loin en créant des liens avec les différentes filières qui sont en train de se construire.

Nous souhaitons aussi nous développer géographiquement sur le territoire. Nous avons déjà ouvert une agence dans le nord de la France il y a 3 mois. Le but, c'est petit à petit de développer ce découpage sur le territoire. En sachant que ça va prendre du temps, peut-être pas 5 ans, ce sera 7 ans ou 10 ans, mais c'est à long terme.

Comment voyez-vous l'évolution technologique dans votre secteur ?

Il y a eu des changements énormes, ne serait-ce que les changements générationnels. Les anciens étaient encore sur des tableaux Excel sans rien, avec des archivages sur un seul serveur avec un PC simple, sans sauvegarde. Maintenant, nous sommes passés tout digitalisés avec la suite Microsoft. Nous avons un logiciel métier dédié, des serveurs externalisés, de l'intelligence artificielle pour l'analyse des factures. Il y a des gains de temps énormes.

Après, la robotique, nous y sommes déjà un peu. Dans nos métiers, on ne peut pas robotiser à 100%, ce sera toujours de la robotique assistée par l'humain. Pourquoi ? Parce que contrairement à la construction, il y a toujours quelque chose qu'on ne peut pas voir qui, une fois qu'on a commencé à déconstruire, va apparaître et il faudra s'adapter. Nous avons déjà deux robots de démolition radioguidés. C'est très généralisé dans nos métiers, surtout quand vous faites des réhabilitations en centre-ville où vous ne pouvez plus mettre de gros engins thermiques.

Crédit photo : © Basile Crespin

Savoir refuser des affaires : les conseils d'un expert

Quel conseil donneriez-vous à un jeune directeur commercial dans le BTP ?

Savoir déjà précisément ce qu'on peut vendre et les limites de l'entreprise. C'est la base. Pourquoi ? Parce qu'on peut vendre une fois quelque chose qu'on ne sait pas faire, mais la fois d'après, ça ne passera pas. Et une mauvaise publicité peut entraîner des années de diète. Il vaut mieux parfois se concentrer et savoir refuser des affaires, ce qui n'est pas évident. Nous refusons régulièrement des affaires et c'est quelque chose qu'il faut savoir apprendre. Au début, on a du mal à refuser, mais parfois il vaut mieux dire non. La personne revient vers vous après et on la sert bien, plutôt que de prendre trop facilement et vouloir atteindre un chiffre d'affaires qui fait miroiter de beaux chiffres mais qui, sur le long terme, n'est pas profitable pour tout le monde.

Crédit photo : © Basile Crespin

Comment résumeriez-vous l'esprit SODEKA ?

Expertise, excellence et sécurité. La démolition, c'est là où il y a le plus de morts par heure travaillée dans le BTP. Nous sommes certifiés MASE (Manuel d'Amélioration de la Sécurité en Entreprise). Tous les ans et tous les 3 ans, nous avons des audits et nous devons prouver que nous sommes dans une démarche d'amélioration continue pour protéger nos gars et l'environnement. Parfois, nous refusons une affaire parce qu'elle va engendrer des risques pour les équipes et que le maître d'ouvrage n'est pas prêt à payer plus cher pour sécuriser nos équipes.

Un mot pour conclure ?

Je voulais remercier toutes les équipes. Au quotidien, ce sont eux qui me permettent de faire grandir la boîte et de faire que tout le monde soit heureux au travail. Ce sont eux qui, tous les jours dans le froid, la pluie, le gel, permettent de produire en sécurité. Sans eux, nous ne serions pas là.

Crédit photo : © Basile Crespin

Basée à Amiens avec une expertise qui rayonne sur toute la France, SODEKA s'est imposée comme une référence dans la démolition, le désamiantage et le réemploi. Directeur commercial depuis un an et demi, Pierre incarne cette montée en puissance d'une PME qui a doublé ses effectifs en moins de dix ans. Ingénieur de formation, il a gravi tous les échelons dans un secteur où l'expérience est reine et où chaque chantier réserve ses surprises. Rencontre avec un homme de terrain qui n'hésite pas à refuser certains projets pour mieux servir ses clients.

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